L’Irlande du Nord sous contrôle exécutif peu avant le Brexit
L’Irlande du Nord sous contrôle exécutif peu avant le Brexit
Boris Johnson s’est rendu lundi 13 janvier à Belfast pour féliciter la coalition de compromis entre unionistes et républicains, après trois ans sans gouvernement. À un peu plus de deux semaines du Brexit, le premier ministre britannique promet « d’incroyables opportunités ».
Le quartier historique et catholique de Falls Road de Belfast, lieu marqué par le conflit nord-irlandais. / Franck Dubray/PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP
La symétrie est presque parfaite. La crise gouvernementale en Irlande du nord a débuté il y a trois ans, en plein atermoiements sur le Brexit, et se résout juste après le vote, la semaine dernière, de l’accord de retrait de l’UE à la Chambre des communes.
L’assemblée nord-irlandaise a recommencé à siéger, samedi 11 janvier, élisant à la tête du gouvernement la cheffe du parti unioniste DUP Arlene Foster, favorable à un maintien dans la Couronne britannique, tandis que Michelle O’Neill, vice-présidente du parti républicain Sinn Féin – partisan de la réunification de l’Irlande – a été nommée vice-première ministre.
« Améliorer la vie des gens »
Boris Johnson aura attendu deux jours avant de venir à Belfast saluer ce partage du pouvoir, en compagnie du premier ministre de République d’Irlande, Leo Varadkar. Le premier ministre britannique a placé cette alliance sous le signe de la prospérité économique. Il s’est félicité d’un gouvernement « qui peut désormais aller de l’avant en vue d’améliorer la vie des gens et œuvrer pour toutes les communautés en Irlande du Nord ». Et il le promet, « la prochaine décennie sera le temps d’incroyables opportunités pour l’Irlande du Nord et l’ensemble du Royaume-Uni ».
Londres a promis d’injecter des centaines de millions de livres dans l’économie nord-irlandaise pour encourager cet accord de coalition à Belfast. Des investissements seront consacrés à des projets d’infrastructures nord-sud sur l’île, tels qu’une autoroute deux fois deux voies, et la réhabilitation du canal d’Ulster. Les deux parties se sont également entendues sur des moyens pour améliorer les services publics en crise (justice, hôpitaux, présence policière).
Sur le front commun du Brexit
Mais ce n’est pas que la carotte financière qui a réuni les deux partis ennemis, ajoute Karin Fischer, du Groupe de recherche en études irlandaises de l’université de Caen. « Si les Républicains et les Unionistes se serrent les coudes, c’est surtout le signe d’une inquiétude partagée avec l’entrée en vigueur du Brexit, le 31 janvier, et la négociation qui va suivre entre Londres et Bruxelles sur le futur partenariat commercial », souligne-t-elle.
Les parlementaires nord irlandais veulent avoir leur mot à dire, mais le DUP a perdu son levier de pression sur Londres. Boris Johnson n’a plus besoin des unionistes pour gouverner depuis sa victoire nette aux élections législatives du 12 décembre dernier. Le DUP avait tenté d’introduire un amendement lors du vote du Brexit, de manière à s’assurer un accès sans frictions au reste du marché britannique. Mais cette garantie a été rejetée par les conservateurs.
La dernière coalition DUP/Sinn Féin s’est effondrée en janvier 2017 sur un programme d’énergie verte mal ficelé. La discorde s’est étendue sur le gaélique irlandais, que le Sinn Féin voudrait voir reconnue comme langue officielle. Sa place est désormais renforcée. Mais l’héritage des « Troubles » qui firent plus de 3 500 morts en trente ans n’est jamais loin.
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